À l’origine : un bâtiment agricole en ruines dans un village de quarante âmes au milieu de nulle part… Le toit s’est effondré. La pluie coule sur les bottes de paille. Vingt ans plus tard, la Bergerie de Soffin accueille chaque année des centaines de spectateurs, de stagiaires et d’artistes. Entre les deux, quelques tonnes de sable et de chaux… et l’utopie contagieuse d’un homme convaincu que l’art peut redonner vie à un territoire perdu.
LES FONDATIONS
Tout commence en 1998. Le chorégraphe Alfred Alerte sillonne la France à la recherche d’un lieu de travail pour sa compagnie. Il tombe sur la Bergerie et se met en tête de la rénover… Quelques courageux le rejoignent sur ce chantier titanesque (parmi lesquels Jean-Claude Abescat et Véronique Lécluse, anciens présidents de l’association ADJAC). On commence par la grange, bientôt transformée en salle de spectacle. On aménage une cuisine et des espaces de vie. Avec un peu de récup’ et beaucoup d’imagination, on crée une dizaine de chambres au confort rustique…
« Ça fait quinze ans qu’on connaît la Bergerie, parce que mon mari, il a enlevé le foin et la vieille paille. Je ne sais plus comment on a commencé à les fréquenter pour de bon… Peut-être qu’on est venus pour un apéritif un jour. Eux, ils sont venus au comice de Brinon. On a été au premier festival. Et puis voilà, ça s’est enchaîné… »
Danièle
LE GROS ŒUVRE
En 2005, le premier festival Chemins des arts est organisé à Soffin, avec les moyens du bord. Une jeune danseuse, venue pour l’occasion, n’en repartira jamais. Lucie Anceau s’imposera vite comme la cheville ouvrière de tous les projets artistiques ultérieurs. Les premières résidences d’artistes s’organisent. Des stages ouverts à tous se mettent en place. Côté travaux, on aménage un plateau extérieur, des accès pour les fauteuils roulants, des douches solaires, des toilettes sèches…
LES FINITIONS
En 2019, l’ancien silo à grains est transformé en cuisine et espace de restauration collective pour les jours de forte affluence. En 2020, la crise sanitaire suspend toute activité artistique. On en profite pour rénover la vieille ruine derrière le plateau extérieur. Le projet sera soutenu par le Budget participatif nivernais 2020 et par une opération de crowdfunding. L’espace polyvalent Marceline Lartigue est inauguré en septembre 2022… Ses murs sont habillés d’une fresque monumentale réalisée en public par trois artistes pendant la durée du festival 2022.
« Un jour, j’ai vu le panneau près de l’église et j’ai demandé ce que c’était. Alors mon frère m’a raconté qu’il y avait un danseur professionnel qui avait fait le tour du monde, qui avait racheté la grange à Rameau et qui faisait des spectacles. Du coup, je suis venu, je me suis présenté. On a bu un café, comme si on s’était toujours connus. Et puis on est devenus bons copains. C’est comme ça que j’ai décidé d’offrir mon camion à la Bergerie… »
Gilbert
LA TOUCHE FINALE
La Bergerie de Soffin a toujours valorisé les projets interdisciplinaires. Patricia Lucas, élue présidente de l’association ADJAC en 2019 et venue du monde de l’illustration, contribue à les développer. Les résidences d’artistes s’ouvrent à tous les arts visuels. En 2021, la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Bourgogne-Franche-Comté décerne le label « Atelier de fabrique artistique » à la Bergerie de Soffin et renforce son accompagnement. Celui-ci permet notamment d’installer un système de chauffage des bâtiments, fin 2022. La Bergerie peut enfin fonctionner toute l’année, pour le plus grand bénéfice des artistes et du territoire…